Les passages berrichons
A la croisée du transept, on trouve, de chaque côté de la nef, des ouvertures datant de la construction de l’église mais obturées au moment de la reconstruction de la nef ; ce sont des « passages berrichons ». Assez fréquents dans le Berry, d’où leur appellation, ce dispositif est surtout utilisé dans les églises romanes à nef unique et à chapelles latérales. Sans nuire à la solidité de l’édifice, ces passages facilitaient la circulation des fidèles et des clercs de chaque côté des piles de la croisée entre les bras du transept et la nef. Ils sont étroits.
Il s’agit bien de passages intérieurs, comme le prouvent aussi les arrachements verticaux subsistant à l’extérieur au nord et au sud des fondations des murs latéraux de la nef. Cette disposition, très artistique, est relativement rare en Nivernais1.
Il faut maintenant deviner ces deux « passages berrichons ». Après la reconstruction de la nef, ils ont été incorporés aux deux piliers Ouest de la croisée du transept.
A l’origine, la nef était beaucoup plus large et plus longue, (cf le plan). Ce dispositif permettait alors une communication plus facile des clercs et des fidèles entre le transept et la nef de chaque côté des piles de la croisée du transept. La nef pouvait être élargie sans devoir recourir à des bas-côtés.
Le clerc se plaçait au « Point de response » dans la nef et pouvait avoir dans le même champ de vision, la statue de St-Benoit dans l’absidiole Sud, son prieur représentant l’autorité et la paternité divine en face de lui et la statue de la Sainte-Vierge dans l’absidiole Nord. C’était de là que sa voix (ou les chants) portait le mieux. Cet ensemble de règles architectoniques donnait à l’édifice sa valeur symbolique et spirituelle la plus haute !
Les architectes donnèrent à ces ouvertures le nom de « berrichons » car cette disposition fut plus fréquemment utilisée dans les églises du Berry (Puy-Ferrand, Meusnes, Aix d’Angillon) qu’en Nivernais (Commagny, Verneuil, Chantenay).
Sur la face extérieure Sud de la nef, on distingue le soubassement du mur d’origine et l’on comprend mieux l’intérêt de ces passages.
Nivernais1 – On peut voir des « passages berrichons » dans les églises « sœurs » et contemporaines de Béard comme à Commagny, Verneuil, Chantenay et dans le Berry, à Puy-Ferrand, Meusnes, Aix d’Angillon.