La décoration intérieure
Les vitraux
L’association a décidé en 1999 de remplacer les vitres par des vitraux. Après un appel d’offres, c’est le maitre-verrier Jean Mauret1 qui fut choisi. « La sobriété et l’harmonie faite des « silences » de l’église, m’ont inspiré » a-t-il déclaré. Il décida de jouer avec la lumière quelles que soient l’heure du jour et l’orientation. Pour lui, un vitrail a un rôle actif constituant même l’un des éléments de l’architecture du lieu.
Il a tenu à respecter la dimension religieuse de l’ancienne église et notamment dans celui de l’absidiole sud. Pour cela, il s’est inspiré du motif de la rosace du linteau de la porte nord pour signifier par des pétales, la Trinité. Il choisit un même dessin, simple, qu’il fera varier suivant l’endroit. Sa palette de couleurs est volontairement réduite au bleu, vert et jaune. C’est ainsi qu’il réalisera 9 vitraux couvrant 6 m2.
Les sculptures des prophètes
L’église accueille depuis 2009 un don (complété en 2021) de l’artiste Serge Dabrowski sous forme de 7 sculptures monumentales. Elles sont en exposition permanente dans l’église et ont pour thème général la spiritualité de quelques « géants » comme Moïse, Isaïe, Daniel, Ézéchiel, Jérémie, et Akhenaton « le pharaon précurseur qui eut l’intuition de l’unité de l’univers ».
Pour l’artiste, tous sont des « éveilleurs de conscience » restant particulièrement d’actualité ! Pour s’exprimer, il utilise des matériaux « douloureux, déshérités, abandonnés » marqués par les épreuves du temps ou par leur emploi précédent comme des planches récupérées, un bloc de béton oublié sur un chantier, un vieux réservoir de mobylette, etc… Il conclut cette réflexion spirituelle par « Le Golgotha », la crucifixion de Jésus-Christ pour laquelle, par ces matériaux divers, il veut exprimer la souffrance du mourant et de ses proches.
C’est tout l’art du sculpteur de « faire de l’or » en transformant des matériaux très ordinaires, pour traduire nos humanités et de les rendre même porteurs de transcendance ! Pour lui, toute personne est un être naturellement religieux qu’il en soit conscient, qu’il soit pratiquant ou non.
La statue de Saint Laurent de Béard
L’église après avoir été très longtemps placée sous la protection de Notre-Dame est donc depuis 1751, sous celle de Saint Laurent. La statue du saint protecteur est l’œuvre d’Alain Genty, un sculpteur nivernais, autodidacte.
Cette œuvre naïve traduit la confiance tranquille d’un fidèle serviteur de l’Église dans le martyre qu’il va subir. La colombe sur son bras gauche représente l’Esprit-Saint qui l’accompagne dans sa mort et la branche rappelle le bois qui va le consumer. Les 3 figurines les bras levés vers le saint sont les pauvres dont il avait grand soin et pour lesquels l’Église de Rome avait une particulière attention. Ces 3 personnages rejoignent l’histoire personnelle tourmentée de l’artiste !
L’ancre de Loire
Une ancre a toute sa place dans cette église. Elle est ici comme un témoin historique de la marine de Loire et un hommage aux mariniers qui, pendant des siècles, sont passés devant Béard. C’était un dispositif essentiel pour eux et elle était si importante que sur certains navires, les capitaines la faisaient bénir et faisaient hommage au bon Saint Nicolas pour l’usage de cet objet de « miséricorde. » Car de son bon usage, en dépendaient souvent leurs vies.
Cette « ancre à jas » était enfouie depuis de nombreuses années dans les sables de la Loire au droit de l’église. Elle fut découverte lors des basses eaux de l’été 1951, et seule une extrémité de sa pointe, la « pelle » dépassait. Après avoir été complètement dégagée, elle a été remontée et installée dans l’église.
Elle était complète, en bonne état et légèrement tordue. Malheureusement rendue à l’état libre, elle a perdu rapidement son « jas » en chêne, (sa grosse barre transversale). Probablement trop solidement fichée dans le lit du fleuve et devenue impossible à relever, ou lors d’un naufrage, l’équipage avait dû être contraint de l’abandonner, d’où sa forme tordue. A ce jour, il n’a pas été possible de déterminer son origine et elle ne porte aucune « signature ». On sait seulement qu’elle ne peut être que de fabrication « artisanale » faite par des artisans sans doute locaux (taillandiers, forgerons) travaillant à la demande.
Pour l’essentiel, cette ancre a les caractéristiques habituelles d’une ancre de manœuvre permettant de pallier les difficultés de la navigation sur la Loire et particulièrement utile pour le passage des ponts. Mais elle s’en distingue par le petit anneau supplémentaire appelé la « cincinelle2 » situé dans le même plan que le jas qui la rend très spécifique de la marine ligérienne au 18e siècle puis plus couramment au 19ème.
Jean Mauret1 – Il est le créateur ou le restaurateur de vitraux dans de nombreux édifices comme les cathédrales de Chartres, de Bourges et les églises de Cadouin (Dordogne), d’Issoire (Puy-de-Dôme), de Souvigny (Allier), etc.
Cincinelle2 – Est l’anneau supplémentaire situé entre les deux bras de l’ancre sur lequel était accroché un cordage. Il permettait aux mariniers de passer notamment les ponts à « cul », c’est-à-dire en marche arrière. L’ancre était jetée à l’eau en amont du pont et reliée au bateau par une haussière au « guidas » (un treuil manuel). Le marinier faisait ripper l’ancre au fond de l’eau en tirant sur le cordage relié à la cincinelle pour décrocher l’ancre du fond sur quelques mètres et lui permettre de passer le pont par étapes pour se positionner idéalement. La cincinelle permettait en outre de décrocher facilement l’ancre du fond en toutes circonstances.
Jas3 – Est la pièce de bois transversale placée dans un plan perpendiculaire à celui des « bras ou pattes » de l’ancre), pour l’empêcher de se coucher au fond de l’eau. Elle permet qu’un des deux bras s’agrippe au fond, puisse alors s’enfoncer dans le sable ou la vase et retenir ainsi le bateau.